> Talents et passions - Mémoire collective
Bernadette Grégoire et Anne-Marie Martin
La vie à Chanly avant
Bernadette Grégoire (c) Photo Mélanie Lahaye
Bernadette Grégoire et Anne-Marie Martin, deux amies de très longue date, natives de Chanly et ont été à l’école ensemble. Elles se souviennent : Anne-Marie et Bernadette vont essayer de faire travailler leur mémoire afin de vous raconter leur enfance et adolescence passées dans leur beau village de Chanly.
Nous allons vous parler principalement du temps à l’école, de la laiterie, de la vie à la ferme, …
Le temps de l’école
Avant l’âge scolaire :
Les enfants étaient gardés par les parents et grands-parents qui vivaient sous le même toit.
Les enfants entraient à l’école à partir de trois ans en classe maternelle. A l’âge de six ans, pour les six primaires. On obtenait à l’école, le certificat de base. La majorité des enfants des villages allaient à l’école jusqu’à l’âge de quatorze ans et puis aidaient leur parents pour les travaux à la maison ou à la ferme. Seuls les enfants de famille aisées allaient en pension.
Pour les enfants nés juste après la deuxième guerre (40-45), après les six années de primaires, ils allaient à l’école à Beauraing, Pondrôme, Wellin, Saint-Hubert,…
Je me souviens de maman, née en 1917, à l’âge de 14 ans, elle est allée travailler à la laiterie, ici dans le village. Les gens du village apportaient le lait de leur vache, tous les jours après la traite, dans des cruches en métal. Le lait était écrémé et maman fabriquait le beurre, qu’elle emmenait au tramway et de là, il était acheminé pour
être vendu, mais je ne sais pas où?
Concernant les fermes du village de Chanly
Dans les années 40-50, le village comportaient 23 fermes. A l’heure actuelle, en 2020, il en reste 3. Il faut cependant préciser que dans chaque ferme, il y avait en moyenne 15 à 20 bêtes. A l’heure actuelle, dans les fermes, il y a plusieurs dizaines de bêtes.
Une journée type à la ferme
En hiver, les animaux de la ferme restaient à l’étable, elles étaient nourries le matin et le soir par le fermier. Elles mangeaient du foin, des betteraves, du fourrage. Les veaux et jeunes bêtes buvaient au seau le petit lait, les vaches buvaient de l’eau dans des bacs à l’extérieur.
Jusque dans les années 50, il y avait des abreuvoirs dans les étables.
Le fermier commençait sa journée par le nettoyage de son étable. Il fallait pailler, traire les vaches à la main. (La machine pour traire n’arrive que plus tard dans les années 1950).
Après la traite du matin, le fermier nourrissait ses bêtes. Pendant ce temps, la fermière écrémait et gardait des bidons de petit lait, pour nourrir les veaux matin, midi et à 16h. Le soir la traite recommençait.
Après avoir écrémé le lait, la fermière devait nettoyer la turbine, les seaux, les bidons, le passe-lait.
Entre les traites des vaches, le fermier allait à la charrue, conduire le fumier dans les champs, c’était de l’engrais naturel pour les pâturages.
En été, Le cheptel vivait à l’extérieur. Le fermier commençait sa journée par aller rechercher les vaches au champ pour les traire à l’étable. Les bêtes étaient nourries par l’herbage et abreuvées par les ruisseaux qui coulaient dans les pâtures. Quand le débit des ruisseaux n’était pas assez fort, le fermier conduisait ses bêtes à la Lesse, après la traite du matin et avant de les reconduire au champ.
La fermière continuait tous les jours l’écrémage, le nourrissage des veaux, le nettoyage du matériel. Elle faisait également, pour les particuliers qui le désiraient, le beurre qu’elle pouvait vendre une fois par semaine en hiver et deux fois en été. Il fallait laver le beurre
La fenaison
Au mois de juin, le cultivateur, à l’aide de ses chevaux de trait, allait faucher son foin.
Le tracteur a fait son apparition entre les années 1950-1960. On a appelé cela "la modernisation". Pour les fermiers, il a fallu changer toutes les machines agricoles.
Revenons à la fenaison. Le fermier allait retourner le foin dans les champs et quand il jugeait que son foin était bon, toute la famille était réquisitionnée pour aller faire les "mulkais", (mot wallon qui veut dire petits tas de foin), cela équivalait à un petit ballot aujourd’hui. Ces "mulkais" étaient mis en place à l’aide d’une fourche. Une personne faisait la "Charrée", une ou deux personnes pour ramasser et charger. Rien ne pouvait rester.
Ensuite, il fallait décharger. Une personne restait sur le charriot, une personne à l’"Appat", c’est-à-dire au début du fenil et qui envoyait vers le fond et encore une personne qui tassait le foin. Quand il faisait chaud, le travail était pénible, c’était un sauna !
Certains fermiers, faisaient plutôt des "Gattes", meules de foin d’une hauteur de 2 à 2,5m.
Après la fenaison venait la moisson !
Là quand le blé était fauché, à l’aide d’une lieuse, on faisait des gerbes, puis on faisait des "Buéssel". Cela signifie qu’on rassemblait les gerbes en mettant les épis vers le haut et la pointe était reliée par une tresse de céréale. Suivait le ramassage, et comme pour le foin, il fallait le décharger.
Une fois par an, les cultivateurs passaient de ferme en ferme avec la moissonneuse-batteuse pour moudre les denrées. Toute la journée, certains étaient aux sacs de 80 à 90kg de grains à remonter, sur leur dos, avec deux volées d’escaliers jusqu’au grenier et là, on les vidait.
Ces jours-là, la maitresse de maison faisait le diner pour tout le monde et, le lendemain, ils allaient dans une autre ferme.
En septembre, il y avait l’arrachage des pommes de terre pour l’année et des betteraves pour donner à manger aux bêtes durant l’hiver.
Il est bien évident que toutes ces cultures devaient être plantées, cultivées durant les saisons adéquates.
Voilà notre petit travail de mémoire.
Conclusion
Le travail de nos parents était pénible, jamais de vacances, de jours fériés, les bêtes mangent tous les jours ! Mais c’était notre vie !
À L’heure actuelle, le travail du fermier est certes, facilité par les machines agricoles très performantes, mais le travail est toujours là au contact des animaux et de la terre. Pour le fermier actuel, les charges administratives, les pressions, les quotas, les normes, …., ont remplacé, très largement, la pénibilité du travail de nos parents !
Bernadette Grégoire et Anne-Marie Martin
(c) Vidéo et photos Mélanie Lahaye
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